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Sloft Édition 08

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Comment saisir l’espace ?

Dans ce huitième numéro bilingue français-anglais :

  • 8 Visites Guidées Exclusives

Que ce soit à Tokyo, à Madrid ou Paris, notre nouvelle moisson d’intérieurs tend à défier l’uniformisation à l’œuvre des paysages urbains en affirmant leurs singularités. En effet, une nouvelle architecture financiarisée « lisse » les constructions pour les rendre « échangeables », comme des produits dans un portefeuille. Ce vaste mouvement anonymise un peu plus les territoires en chassant le spécifique. Il crée une dilution des repères que la création éparse de quelques grands projets conçus comme des « signaux » ne suffit pas à contrecarrer. Et si l’antidote à notre désorientation extérieure était la création d’univers intérieurs singuliers ? Comme la combinaison audacieuse de matières, couleurs et motifs de l’appartement de la designer Pia Chevallier ? Ou la fonctionnalité radicale de l’appartement d’Eduardo Mediero à Madrid ?

  • Notre premier « Essai Mode », associant une réflexion littéraire à une série mode

Un autre remède à la sensation d’évanescence du paysage urbain pourrait résider dans la notion d’échelle. En effet, dans une époque qui vise le toujours plus grand, il paraît illusoire d’espérer appréhender d’un seul tenant une ville, un palais, un village. Ou même une maison de vacances. Il faut inlassablement revisiter les lieux pour s’en remémorer les traits, la géographie particulière. Au mieux, nous en conservons des sensations, des impressions. Les habitats trop grands se dérobent, vivent leur vie immobile et indifférente dès que leurs occupants ont le dos tourné. C’est l’expérience que nous raconte Ulysse Josselin dans « L'appartement Fantôme ».

  • Un entretien avec le duo d’artistes Xolo Cuintle

Pourtant, à la fin, ce sont les décors qui restent quand nous avons disparu. Des décors en béton qui nous auraient définitivement expulsés ? C’est l’univers que développent Romy Texier et Valentin Vie Binet au sein du duo Xolo Cuintle. Ils considèrent le béton – leur matériau de prédilection - comme une sorte de barrière entre la nature et l’être humain, permettant d’aseptiser, d’avoir un contrôle sur l’environnement. Pour eux, c’est un matériau qui étouffe la surface et empêche le dialogue. À une époque où l’architecture se tourne vers de nouvelles méthodes constructives plus naturelles, ils lui redonnent des racines, lui injectent de l’organique, comme s’ils voulaient le conjurer, le réancrer dans une connexion avec l’humain. Passionnant.

L’éclectisme, la poésie, l’art, l’évasion, la beauté et l’innovation ne sont décidément pas fonction du nombre de mètres carrés !

« Épure et sens », le trois-pièces plein d’esprit d’Aurélien, 57 m² à Paris

On peut rêver d’habiter un quartier ou une rue spécifiques. On peut aussi se retrouver parachuté dans l’un des coins les plus prisés de la capitale – ici le haut du 9e arrondissement parisien – presque par hasard.

Aurélien Duny, fondateur de Duny Architecture, confirme le paradoxe : « Nous n’avions pas d’adresse de prédilection pour ce premier achat. C’est l’appartement qui nous a tapé dans l’oeil : à l’origine, un assemblage de studios tous en très mauvais état. J’y ai tout de suite vu un formidable terrain de jeu. »

Et comme l’appartement est orienté au sud, l’architecte a eu envie de matières qui le rappellent : béton ciré, enduit à la chaux, pierres apparentes…

« Mélange des genres à Madrid », le « meuble habité » d’Eduardo Mediero, 50 m² à Madrid

« Dans les petits appartements, il faut prendre des décisions dignes des grands », lance Eduardo Mediero, fondateur de l’agence HANGHAR. Une philosophie qui l’a guidé pour réinventer son nouveau pied-à-terre au coeur de Madrid.

Lorsque l’occasion s’est présentée d’acquérir un appartement d’environ 50 mètres carrés dans Chamberí, son quartier préféré, Eduardo et sa compagne n’ont pas hésité une seconde : « On vivait déjà là depuis des années ; on adore son ambiance paisible et sa richesse culturelle. »

C’est de cette opportunité qu’est né « Studiolo », un projet s’inspirant des pièces de la Renaissance imaginées pour l’étude et la contemplation, mais dans une version… radicale !

« Archi sculptée », l’appartement labo d’Hugo et Johanna, 54 m² à Paris

Il fallait avoir de l’intuition, un certain goût du risque et une ténacité à toute épreuve ! Imaginez la réunion de douze lots exigus – de 0,5 à 6 mètres carrés ! –, sous les toits, détenus par dix propriétaires différents, composant un couloir biscornu reliant les deux bâtiments d’un immeuble haussmannien du 10e arrondissement de Paris.

Le tout, acheté sans visite préalable – Covid oblige –, et après quelques « entretiens d’embauche » avec le syndicat de copropriété, dixit Johanna et Hugo, couple d’architectes d’intérieur, designers téméraires, et heureux propriétaires des lieux.

« Notre appartement est le premier projet que nous avons réalisé ensemble, sourit Johanna. Nous avions envie de vivre sous les toits, de nous dire que nous pouvions tout transformer, et de faire quelque chose d’un peu expérimental. Et ça l’a vraiment été ! »

Quelques retours de lectrices et lecteurs 😊

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